Sur la route de Compostelle

 

 

Le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle est un parcours qui mène en Galice (Espagne) où seraient conservées les reliques de Saint-Jacques, apôtre du christ. Saint-Jacques-de-Compostelle avec ceux de Rome et de Jérusalem, est un des trois grands sites de la chrétienté.

Du latin compostile, on fait campus stelle (champ de l’étoile) pour déduire compostel (nécropole où les corps sont superposés).

 

Jacques, pêche sur la mer de Galilée en compagnie de son frère Jean, quand il entend l’appel du Christ. Sans hésiter, il le suit. Devenu apôtre, Jacques « le Majeur » entreprendra d’évangéliser l’Espagne, avant de subir le martyre et d’être exécuté en l’an 44.

 

La légende raconte que les disciples de Saint-Jacques auraient transporté le corps en Espagne. Au IXe siècle, l’ermite Pelayo observe plusieurs nuits durant une mystérieuse pluie d’étoiles au dessus d’un champ. Découvrant sur le même lieu, un monument funéraire, il avise l’évêque Théodomire qui, après avoir ordonné l’exhumation du corps, considère qu’il s’agit bien de l’apôtre Saint-Jacques « le Majeur ». Ce lieu prendra le nom de Compostelle, le champ d’étoiles.   

 

                                                                                                           

 

Cette histoire commence au IVe siècle de notre ère. L’Empire romain devenu chrétien est à son apogée. C’est à cette époque que vivait dans le nord-ouest de l’Espagne (la Galice) un jeune noble chrétien nommé Priscillien. Celui-ci se fait élire  par le peuple évêque d’Avila, ce qui ne va pas plaire à la cour impériale. Priscillien sera condamné pour hérésie avant d’être supplicié et décapité à Trèves. Quelques années plus tard, l’empereur Maxime tombait à son tour et Théodose, d’origine galicienne lui succéda. A la faveur de ce renversement politique, les amis de la victime ramenèrent sa dépouille dans sa patrie. Un chroniqueur de l’époque, Sulpice Sévère rapporte que les restes du supplicié donnèrent lieu à de vastes funérailles et que partout on commença à le vénérer comme un martyr. Le culte de Priscillien va se développer en toute quiétude avec les premiers pèlerinages auprès de son tombeau.

L’origine de Jacques

Le nom de Jacques vient du patriarche Jacob de la bible. Il était très répandu chez les juifs puis chez les chrétiens. Les évangiles nous en font connaître trois.

- Jacques, frère de Jean et fils de Zébédée. Il fut décapité une douzaine d’années après la mort du Christ. C’est lui qui est surnommé Jacques « le Majeur » et dont le tombeau est vénéré à Saint-Jacques de Compostelle.

- Jacques dit « le frère Jésus » devint chef de l’église chrétienne de Jérusalem. Il fut tué en 62 lors d’une émeute déclenchée par le grand prêtre de l’époque. On l’appelle « le Mineur »  et on le fête le 3 mai.

- Jacques, fils d’Alphée, apôtre souvent confondu avec le précédent. On a découvert une inscription portant son nom dans le désert, à l’ouest du delta du Nil.

 Les deux premiers Jacques sont morts à Jérusalem et en martyrs. Les premiers chrétiens donnèrent ce nom à leurs enfants et certains d’entre eux devinrent des saints. Il existe une dizaine de saints Jacques dans l’Orient ancien. Parmi eux, un Syrien du nom de Jacques Baradée, un moine d’une grande piété qui parcourut pendant près de trente ans les provinces orientales de l’Empire romain afin de prêcher la bonne parole. Il s’éteignit dans le monastère du Monte-plats, près de la frontière égyptienne et on ne sait où il fut enterré.

 

La tradition

La légende  attribue aux douze apôtres un secteur à évangéliser. A Jacques échut l’Espagne peut-être sur la foi d’une phrase mal interprétée de saint Jérôme. On en conclut que Jacques avait évangélisé l’Espagne, qu’il est mort en martyr à Jérusalem et que ses disciples avaient ramené son corps en Espagne. Cette tradition orale disait que le corps de saint Jacques transporté par ses disciples, aborda en Galice dans une barque de pierre qui flottait sur l’eau.

La boucle est bouclée, dans ces conditions découvrir le corps du saint se résumait à redécouvrir le corps d’un saint enterré à une époque très ancienne. Les corps de Priscillien et du saint Jacques deviendront un compostel et plus tard portera le nom de Saint-Jacques de Compostelle.     

 

Épilogue

La « Légende Dorée » rédigée vers 1260 par le moine dominicain génois Jacques de Voragine relate l’histoire de Saint Jacques « le Majeur » en Espagne. Parce qu’elle mêle faits authentiques et merveilleux, il est difficile d’y séparer le vrai du faux. Peu importe, ce recueil figure parmi les premiers ouvrages imprimés de l’histoire et à ce titre il mérite toute notre attention. A l’heure de l’Europe où les vingt cinq pays cherchent à se rassembler en une entité unique, le réseau des chemins qui convergent vers Compostelle nous apporte la preuve qu’une foi commune est capable d’associer au fil des siècles, des hommes et des femmes venus du monde entier.      

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